Interdits des urnes, interdits de
rues, quel espace reste-t-il aux mouvements nationalistes (et assimilés) en
France ?
Le pouvoir socialiste n’aura
pas tardé à verrouiller les quelques espaces de liberté qui restaient encore.
Les urnes sont de fait inaccessibles aux mouvements réellement nationalistes
par un double phénomène.
Tout d’abord le choix des
modes de scrutin qui, loin d’être innocent, soumet directement le résultat de
toute consultation électorale à un vrai déni de démocratie. De toutes nos
institutions, peu sont réellement accessibles.
Les assemblées parlementaires
en premier lieu nous en donnent la démonstration à chaque scrutin. Le Sénat est
élu par de grands électeurs eux-mêmes issus du filtre des scrutins locaux. La
majorité du corps électoral est issue des assemblées municipales, dont la
détermination passe par un puissant correcteur démocratique dénommé la prime au
vainqueur. En clair, ça signifie que lors d’une élection municipale, d’où
proviennent les grands électeurs, la liste arrivée en tête rafle la moitié des
sièges disponibles plus un nombre d’élus proportionnel à son résultat propre
sur la seconde moitié. Par exemple, après un second tour avec 3 listes en
présence, celle arrivée avec 40% des voix devant la seconde qui n’en obtient
que 39% détiendra (50%+(40% de 50%)) 70% des sièges contre 20% pour la seconde
liste. Mécaniquement, ce déséquilibre se répercute sur les résultats des
élections sénatoriales.
Ce n’est pas mieux pour l’Assemblée
Nationale, qui n’a de nationale que le nom et qui ne mérite certainement pas la
circonlocution journalistique de « représentation nationale » trop
souvent utilisée pour la désigner. Nous en avons encore eu la preuve il y a
quelques jours, le scrutin uninominal à deux tours est profondément
anti-démocratique. Pour s’en convaincre, au-delà des résultats de la semaine
dernière qui sont assez parlants, un simple raisonnement inductif le confirme. En
deux mots, imaginons une assemblée composée de 100 circonscriptions (dont le
nombre d’électeurs est le même) dans une nation ou deux partis s’affrontent. On
sait que le premier, que nous appellerons A, obtient 60% des suffrages. Le second,
B, 40%. Si on élit les représentants à l’assemblé avec un système proportionnel,
on retrouve 60 députés A et 40 députés B. Si un utilise un scrutin uninominal majoritaire
(pour le coup à un seul tour puisqu’il n’y a que deux candidats dans chaque circonscription,
mais ça fonctionne aussi avec deux tours), on peut rencontrer plusieurs cas qui
biaiseront le résultat.
1/ La proportion des électeurs
de chaque parti est la même dans toute les circonscriptions qu’au niveau
national. Dans ce premier cas de figure, c’est un député du parti A qui l’emporte
dans toutes les circonscriptions. Et donc le parti B qui est pourtant une
opposition importante ne sera pas représenté à l’assemblée !
2/ Les votes sont très différents
selon les circonscriptions, la proportion nationale étant toujours la même.
Ainsi, dans une minorité de circonscription (45), le représentant du parti A
arrive largement en tête avec 75% des voix, mais les candidats de ce même parti
sont tous battus de peu (48% contre 52% pour leurs adversaires B) dans les 55
circonscriptions restantes. Ainsi, avec la même proportion de vote national (60% pour A et 40% pour B), c’est le parti B
qui remporte les élections avec 55% des sièges.
On comprends aisément qu’un
même système électoral qui peut tout à la fois déboucher sur l’absence totale d’opposition
(cas que nous connaissons le plus souvent en France) ou donner la victoire à un
parti pourtant minoritaire n’a que peu de valeur démocratique. Quand à l’argument
des tenants du système actuel qui consiste à mettre en avant la nécessité de
dégager une vraie majorité à chaque législature, il ne tient pas si un des résultats
possibles est de remettre le pouvoir entre des mains illégitimes.
Le même argument de la nécessité
absolue de dégager une majorité nette est utilisé pour justifier aussi la prime
au vainqueur, à laquelle j’ai fait référence plus tôt, lors des consultations
municipales. Ainsi 1% d’écart entre deux listes (même moins d’ailleurs, une seule
voix d’écart !) aboutissent à un déséquilibre proprement ahurissant en
terme de nombre d’élus, du simple au triple parfois. Pourtant la grande
majorité de nos voisins utilisent un système proportionnel sans bloquer pour
autant la vie communale locale.
Pour ceux d’entre vous qui
souhaiteraient approfondir cette réflexion sur les différents modes de scrutin,
sachez enfin qu’à côté des deux systèmes majoritaire et proportionnel, il
existe d’autres systèmes moins connus comme le vote pondéré. Sur les diverses
méthodes existantes, arrêtons-nous quelques instants sur la méthode Borda. Imaginons
le résultat d’une triangulaire ou le candidat A a obtenu 40% des suffrages, le
candidat B 39% et le C 21%. Dans le mode actuel retenu en France, le candidat A
est élu car arrivé en tête. La méthode Borda permet de tenir compte des
préférences réelles des électeurs. Ainsi, au lieu de leur demander pour quel
candidat ils veulent voter, on leur demande de les classer par ordre de préférence.
Imaginons le résultat suivant :
30% pour A puis C puis B
10% pour A puis B puis C
30% pour B puis C puis A
09% pour B puis A puis C
10% pour C puis A puis B
11% pour C puis B puis A
On retrouve bien le même
résultat global (40% pour A, 39% pour B et 21% pour C)
Application de la méthode
Borda :
On attribue 3 points à chaque
fois que le candidat arrive en tête, 2 en seconde position et 1 en dernière.
Candidat
|
1er
|
2ème
|
3ème
|
Total
|
A
|
40x3= 120
|
19x2=38
|
41
|
120+38+41=199
|
B
|
39x3=117
|
21x2=41
|
40
|
117+41+40=198
|
C
|
21x3=63
|
60x2=120
|
19
|
63+120+19=202
|
La méthode Borda détermine que c’est le
candidat C qui, in fine, correspond le plus au choix des électeurs. C’est une
méthode similaire qu’utilisait le Sénat Romain jusqu’en l’an 105.
Toute cette démonstration pour
prouver que le choix du système de scrutin est prépondérant en démocratie, et
que notre courant de pensé est volontairement tenu à l’écart du jeu
démocratique.
Le second phénomène majeur qui
nous empêche durablement de siéger dans quelque assemblée que ce soit est la
présence indiscutable d’une force politique à vocation hégémoniste, et dont la prépondérance
est soigneusement entretenue par le système. En effet le Front National joue,
au corps défendant d’une majorité de ses militants et électeurs, le rôle d’aimant
à vote nationaliste. La plupart de nos camarades qui ont essayé de faire
entendre une voix différente lors des élections s’en sont rendu compte. Quel
que soit le candidat, le simple fait de lui appliquer une flamme tricolore sur
l’affiche de propagande l’assure de faire la quasi-totalité des voix du vote
nationaliste. Or, cette suprématie des urnes est, on le sait, démentie dans les
faits. Car il y a autant, si ce n’est plus, de vie militante hors que dans le
FN. Pourquoi ? Parce que c’est l’intérêt bien compris du système
politico-journalistique que de maintenir l’illusion d’un FN nationaliste et
protestataire pour étouffer, sciemment, toute velléité de réflexion propre de
la part du peuple. Ainsi, la machine médiatique ne parle que de lui, ne voit
que lui, s’en sert à l’envie positivement lorsqu’il s’agit de capter les voix
natios et négativement si d’aventure il venait à prendre trop d’importance.
Cette double stratégie du blocage
des urnes et du miroir aux alouettes est suffisamment puissante pour nous
interdire toute vie publique durablement. Ou du moins tant qu’il y aura des
complicités au sein de ceux qui devraient défendre les mêmes idées que nous
mais qui préfèrent abandonner leurs convictions contre un peu de
respectabilité.
Mais jusqu’à présent, il
restait un second atout dans notre manche : les manifestations et l’agitation
de rue. Puisque nos forces militantes, toutes chapelles confondues, sont inversement
proportionnelles à notre force électorale, la rue devenait la vitrine naturelle
de la pensée non-conforme. Las, même elle commence à nous être interdite. Nos
camarades Lyonnais viennent ainsi de se voir une nouvelle fois privés de manifestation,
même s’ils ont bien fait de maintenir le rassemblement prévu. Ce nouvel
épisode, le second en un mois, tend à prouver qu’il sera de plus en plus
difficile, sous le nouveau pouvoir, de continuer à s’exprimer publiquement. Car
si la liberté de manifester n’est pas remise en cause directement, les préfets
vont user et abuser du prétexte fallacieux du risque de trouble à l’ordre
public pour chasser le peuple de la rue. Prétexte que les anarcho-communistes
ont déjà parfaitement intégré. Il leur suffit maintenant de prévoir une
soi-disant contre-manifestation pour donner au système qu’ils servent toutes
les bonnes raisons de nous censurer. Je ne peux d’ailleurs pas m’empêcher, en
écrivant ces lignes, de faire quelques connexions avec les paragraphes
précédents et de me remémorer la façon dont une conseillère régionale du grand
parti hégémonique cité ci-dessus avait tenté de désinformer certains camarades
pour leur faire croire que la manifestation que nous organisions le 8 octobre à
Lille était annulée. Ressentiment personnel ? Collusion d’intérêt avec le
système ? Sans tomber dans la paranoïa, la question reste posée.
Quel espace de liberté reste
t-il donc aux femmes et aux hommes libres ?
Peut-être celui-là, l’écran
sur lequel vous êtes en train de lire ces lignes. Internet. Mais là non plus,
rien n’est sûr.
En premier lieu car c’est
peut-être un outil formidable, mais ne nous leurrons pas non plus, il touche
principalement des camarades ayant déjà pris conscience de l’état du monde. Il
est efficace pour nous permettre de communiquer entre nous, de nous concerter,
de nous engueuler parfois, mais il ne sert que peu à ramener de nouveaux sympathisants.
Il réclame de faire un effort de recherche d’information, il ne s’impose pas
comme le fait un élu ou une manifestation.
En second lieu, les évènements
récents doivent nous rappeler la précarité de ce que l’on qualifie parfois d’espace
de liberté. Souvenons-nous entre autre de la volonté de l’ex-président Sarkozy
de contrôler la toile, et de faire la chasse à la pensée non-conforme. Sous
prétexte bien entendu de lutte contre la pédophilie et le terrorisme. Comme si
les pédophiles et les terroristes avaient attendu internet. La chasse aux
sorcières numériques n’est qu’une question de temps, et assoir la totalité de
son activité militante sur ce seul médium serait une erreur majeure.
En tout état de cause, les
pistes restantes devenant plus rares, il ne reste plus guère que les bonnes
vieilles méthodes de propagande (tractage, affichage, etc.) et la diffusion de
nos idées par des biais plus ingénieux (monde associatif, monde du travail,
etc.)
Ou alors nous défendre, mais
jusqu’où serons nous prêts à aller pour sauvegarder nos libertés face aux
assauts du système ? Réponse dans quelques mois…