Vingt-quatre heures que je
cherche, et je n’ai toujours rien trouvé. Je parcours fébrilement les pages de
mon Dalloz à la recherche de l’article correspondant, mais celui-ci ne veut
rien livrer qui puisse apporter un début de réponse au problème soulevé.
A l’ère du tout numérique, je me suis donc rabattu
sur sa version en ligne, le fameux site Légifrance qui recense tous les codes
en vigueur sur le territoire national, et qui a le grand avantage d’être en permanence
à jour. Mais là non plus, rien. Chou blanc.
Me servant de mon expérience,
je me suis souvenu que lorsque internet ne répond pas aux demandes qui lui sont
soumises, c’est souvent que l’on n’a mal défini les mots clefs de sa recherche.
Listons-les alors, et voyons lesquels j’ai bien pu oublier :
Menace avec jambon armé ?
Aucun résultat.
Envoi de porc prohibé ? Aucun
résultat.
Incitation à la haine avec
charcuterie ? Pas mieux.
Agression à l’aide de cochon
par destination ? Toujours rien.
C’est toujours le problème
lorsque l’on tombe sur un article qui ne donne pas tous les détails. Il est
difficile d’approfondir la question. Mais peut-être qu’une petite explication s’impose :
Ma perplexité provient de la
lecture d’une brève sur le site du CCIF(Collectif contre l’Islamophobie en France).
Celle-ci relate qu’il y a quelques jours, la mosquée de Mulhouse a reçu dans sa
boîte postale une enveloppe contenant de la viande de porc. Émoi et sanglots.
Mais, plus surprenant, le même article indique qu’une plainte a été déposée
suite à cette infâme agression. Sans hélas indiquer sous quelle qualification
cet odieux fait a pu être enregistré par la police.
D’où ma recherche.
Plus sérieusement, cela fait
déjà plusieurs années que la question de savoir si la loi pourra dans un avenir
proche punir le blasphème se pose. Bon, pas tous les blasphèmes, bien entendu,
mais seulement ceux qui pourraient heurter la sensibilité d’une population déjà
largement malmenée par le racisme et l’islamophobie(1) de ces
salauds de Français.
Bien sûr, le fait ici relaté n’a
qu’une importance toute relative. Mais que le simple envoi postal de viande
porcine puisse donner lieu à des poursuites pénales en dit tout de même assez
long sur l’influence grandissante des lobbies religieux dans notre société.
Mais puisque plainte a été déposée, enquête devrait s’en suivre. Et la première question à laquelle un investigateur
doit répondre pour tenter de résoudre une affaire est de se demander à qui
profite le crime. A qui profite vraiment le fait que l’on puisse faire du foin
autour d’un jambon qui voyage par la poste ? Écartons d’emblée les
services postaux et les producteurs de cochon, qui tous deux semblent étrangers
au drame. Il nous reste les affreux racistes et les pseudos-victimes. Si, si,
ça c’est déjà vu. D’aucuns se souviendront, entre autres, d’une affaire mêlant
un futur président de la république et un observatoire.
Piste 1 : les vilains
racistes. Bon, mis à part un absurde sentiment de résistance, cet acte ne sert
pas à grand-chose. Il est même relativement contre-productif puisqu’il permet à
l’institution visée par l’agression porcine de se poser en victime, de
réaffirmer la pureté de ses intentions et de déplorer le climat délétère autour
de la question de l’Islam en France.
Piste 2 : les victimes.
Et bien la dite agression n’a pas provoqué de dégât matériel ou autre. Elle
permet d’amplifier la stratégie de victimisation, en gonflant à peu de frais le
recensement des faits d’islamophobie(1). Elle permet d’exiger une
qualification pénale pour des faits au demeurant anodins. Elle participe ainsi
à la culpabilisation du peuple d’accueil. Et l’on pourrait continuer la liste…
Bien évidemment, ce travail
tout personnel n’a comme seul but que de donner des pistes de réflexions, et n’a
en aucun cas la prétention d’interférer avec l’enquête officielle.
Allez, encore un peu de
patience pour voir quel sera le prochain blasphème réprimé par la république…
Note : (1) Oui, je sais
qu’il faut toujours soigneusement éviter d’employer les terminologies inventées
par nos adversaires, sous peine de participer à leur banalisation et par là
même à leur justification, mais il m’était difficile ici d’y substituer une périphrase
qui n’aurait pas rendu aussi fidèlement le mécanisme de soumission que l’on
nous impose insidieusement. Mea culpa.